J’ai eu l’immense bonheur d’interviewer Nicolas Charlet et Bruno Lavaine !
Pour vous la faire courte, mais pas trop non plus, Nicolas et Bruno sont les talentueux auteurs et/ou doubleurs et/ou réalisateurs de Message à caractère informatif, la série Le Bureau, La Personne aux deux personnes, Le Grand Méchant Loup, etc…
Mais si mais si, vous connaissez certainement les cultissimes Message à caractère informatif qui furent diffusés sur Canal+ dans l’émission Nulle part ailleurs de 1998 à 2000. Si vous ne vous souvenez pas, vous finirez noyés en Enfer (#humour), ou alors vous êtes nés après 1995 et on vous pardonne, ET on vous envie un peu car c’est l’occasion de les découvrir !
Mais trêve de bavardages, on est ici pour parler de leur dernier-né : Message à caractère pornographique – À La Recherche de l’Ultra Sex, car parler de CUL c’est bien aussi, et ça devient une habitude sur ce blog 😉
Message à caractère pornographique est un long-métrage de 60 minutes imaginé en collaboration avec Canal+ à l’occasion des 30 ans de la chaîne. C’est en quelque sorte un Grand Détournement de films X datant de la « grande époque » (1974-1995), sélectionnés, parodiés, montés, bruités avec brio par le duo.
Bon on s’en doutait, c’est complètement barré et on se prend au jeu, si si je vous assure, il y a un vrai travail scénaristique, et ça c’était pas facile en assemblant des bouts de films.
Je rassure tout le monde (ou pas, je vais peut-être décevoir aussi) : on ne verra pas de scènes explicites. Pour ceux qui ne sont pas habitués, ça va certainement vous faire de l’effet même si c’est du soft, et surtout vous faire rire.
Après avoir bénéficié d’une avant-première au Palais de Tokyo début novembre 2014 avant sa diffusion sur la chaîne cryptée, le film fait à nouveau salle comble au Max Linder ce soir vendredi 5 juin à 20h pour une projection spéciale.
Ci-dessous la bande-annonce.
Je remets dans le contexte : Vous avez visionné plus de 2 500 films X vintage en 4 mois, des films américains, japonais, allemands (c’est ça j’ai bien retenu ?).
Tout à fait, 2500 films dont une centaine figurent dans le montage final ! Un gros gros boulot de dénichage de perles rares !
Je me disais : heureusement que le genre SF marchait bien à l’époque dans le porno, ça vous a fait une belle base pour votre détournement à la Star Trek teinté de Miami Vice, du Rebelle, et de l’Amour du risque, ainsi que de toutes les références kitchouilles qui vont avec !
Oui le porno dans des vaisseaux intergalactiques a été pour nous une grande découverte.
On a complètement flashé sur ces gens qui conduisent des Space ship de plusieurs tonnes entièrement à poil et qui n’oublient jamais de faire la pause-partouze toutes les 2 heures.
Plus globalement, le film a été l’occasion d’explorer les recoins les plus barrés d’un cinéma au fond très méconnu, une anti-chambre d’Hollywood où des cinéastes en devenir (ou pas !) essayaient tout et n’importe quoi ! Une liberté totalement débridée dans les idées de mise en scène, dans les situations, les décors !
On a fait appel pour nos recherches à des grands spécialistes du genre, qui nous ont dirigés vers des « pépites » totalement inédites, des « introuvables » qui se vendaient sous le manteau à l’époque. Au delà de l’histoire qu’on a fabriquée à partir de tous ces extraits, le film est un prétexte à voyager dans cet Âge d’Or du X à la fois délirant, drôle et multiforme !
Durant ces longues séances de visionnage, qu’est-ce qui a été le plus difficile ?
Au début ça a été assez bizarre, on est assez pudique et on n’avait jamais vraiment regarder de film de boules à deux. Mais très vite l’humour, la décontraction et la folie de tout ces films nous ont mis à l’aise et en joie !
Finalement le plus difficile à été d’admettre qu’on était devenu totalement imbattable en blind-test de teub !
Et le moins difficile ? (Je pense que vous faites rêver pas mal de gens avec le fait que vous en ayez regardé autant)
Outre notre goût déjà prononcé pour l’esthétique de cette période vintage, une des bonnes surprises a été la coolitude de la représentation du sexe à cette époque.
Les corps sont normaux et variés, le sexe non formaté. Bien sûr ça reste du X, mais avec un humour et une distance souvent très rafraîchissante, et au bout du compte pas très éloigné de ce qu’on veut proposer avec l’Ultra-Sex, notamment au Max Linder le 5 juin : rire à plusieurs autour du cul !
Est-ce qu’il y a un film qui vous a fait fantasmer ? Une pratique particulière ? Une position ?
Aaah Giulia, petite coquine ! As-tu déjà essayé le sexe en roller-skate ?
C’est une expérience qu’on peut voir dans le film et qui n’a pas fini de nous intriguer !
Qui a eu l’idée de cette pratique ? Qui a eu l’idée de la filmer !? Est-ce qu’on peut vraiment la considérer comme un fantasme ?? Mystère !
Quelque chose qui vous aurait choqué ?
Oh forcément on a vu des trucs qu’il est difficile de décrire avec des mots ! Les japonais sont assez inventifs en matière de trucs super crados à base de tentacules et de calamars dégoulinants…
Mais les trucs choquants ne figurent pas dans le film, l’idée c’est avant tout une grosse tranche de rigolade et de what-the-fuck!!
Quelque chose qui vous aurait inspiré après dans l’intimité ? Le jeu pour faire deviner les lettres par exemple c’était pas mal non ?
Tout à fait, c’est fait !!
Mais il nous reste plein de trucs du film à essayer en vrai : baiser habillé en super-woman, faire l’amour dans un salon de coiffure en activité, faire de l’aérobic en string-talons sur de la moquette, tirer des rayons-lasers avec notre sexe, se faire tripoter par l’Homme-à-la-Tête-de-Palourde, danser à poil chez Michel Drucker, se faire violer par la Reine d’Angleterre… y’a du pain sur la planche !
Je me souviens de l’extrait type « Sex-toy Story », le film de Q avec les jouets, qui ressemble un peu au manga Attack on Titan, avec la poupée aux grandes dents qui mange les autres. (Est-ce que vous rappelez du titre, j’aimerais le voir en entier !)
Oui, un court-métrage hallucinant entièrement réalisé en stop-motion dans un magasin de jouets qui deviennent complètement érotomanes! C’est un film totalement inédit que personne ne connaissait, même pas nos spécialistes. Il n’a même pas de titre !
Une chose est sûre : impossible que les gars de Pixar n’aient pas vu cet ancêtre coquin de Toy-Story à l’époque !
On va le mettre dans les bonus de notre futur DVD. (là en fait on te livre un scoop, parce qu’on va annoncer officiellement la fabrication du DVD ce soir au Max !)
Vous n’étiez pas tentés de faire un détournement avec les films pornos actuels ?
Il y a en fait une coupure assez nette autour de 1995 : à partir de là les films commencent vraiment à délaisser la fiction, les personnages, les dialogues et l’inventivité narrative. On commence à voir les premiers regards caméras, sacrilège au cinéma, qui annoncent la transformation du X !
Même le cadrage devient plus réducteur, les visages des hommes se font rares, les femmes jouent pour le spectateur en one-to-one.
Tout devient plus clipé, répétitif et formaté, donc beaucoup moins passionnant à détourner.
D’après vous, qu’est-ce qui manque au porno d’aujourd’hui ? Les choucroutes des filles ?
Des histoires ! … et les brushings d’Amber Lynn. Franchement oui les choucroutes ça manque.
1985 notamment, est l’année du paroxysme : un cocktail explosif mêlant le cinéma artisanal et expérimental des débuts, et l’industrie glossy qu’est devenu le porno à grand renfort de corvette, de guêtres, de chaussures de rêves et de brushings flamboyants ! On adore. Énorme culte pour Miami Spice.
Avez-vous eu des retours d’Antoine de Caunes ? Et des Daft Punk ? (Ceux qui ont vu le film comprendront). Non, mais leur carrière a explosé depuis. De rien les gars.
C’était une commande de Canal ? Ou vous avez choisi le sujet ?
C’est une rencontre d’envies comme souvent à Canal. Arielle Saracco nous a proposé de faire un truc autour du X pour les 30 ans de Canal et on a bondi dessus : c’était un vieux rêve de détourner des films de boules sur un grand format, c’est même les premiers trucs qu’on a doublé pour se marrer dans notre salon quand on était ado tous les premiers samedi du mois !
Ils vous ont donné carte blanche ? Oui il s’agissait d’une totale carte blanche, une culture de confiance très chère à Canal. On s’est fixé nous-même les limites, notamment celle du -16 ans, pour rester toujours sur le fil entre humour et sexe.
Au delà d’une certaine limite bizarrement on arrête de se marrer. C’est un des mystères du cerveau, l’Ejac-faciale et le Rire cohabitent difficilement !
Tiens, je crois me rappeler qu’il n’y a pas de scènes gays. Si si, il y a un superbe film de sexy-dance gay (Disrobics) ! Magnifique.
Et pas de porno français, il n’y a pas notre Brigitte Lahaie nationale, c’est bien dommage :p. Les américaines (ou les japonaises) vous faisaient plus fantasmer ?
Si on les adore ! Mais on arrive davantage à partir complètement ailleurs dans le détournement avec des films étrangers, il y a dedans une distance et une kitscherie qui nous parle immédiatement.
Que vous souhaite-t-on pour la suite ? D’autres projets XXX ?
Grâce à ce film nous avons trouvé ce qu’on veut faire jusqu’à la fin de nos jours : doubler des films de boules des années 80.
Et parce que c’est culte ça fait toujours plaisir : votre préféré des messages à caractère informatif ? Je conçois que c’est un choix difficile, mais 1 ou 2 qui vous viennent à l’esprit maintenant.
Difficile. Nous aimons beaucoup un message assez peu connu, et indéniablement sexy intitulé La Tendresse Informatique, qui, comme son nom l’indique, combine nos deux passions dans la vie !
Je vous aurais bien fait le blind test « Saurez-vous reconnaître à qui appartient cette Teub ? » mais on est sur un Blog soft ici…
Mince ! On t’aurait bluffé.
Cette conversation est vraiment très intéressante, mais je dois vous laisser, je vais aller mater un film de cul là. Nan j’déconne, j’ai changé de métier mais je suis toujours un peu nostalgique… :p
Au fait merci beaucoup !
Merci à toi Giulia. Plaisirs !
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Ci-dessous la vidéo de La Tendresse informatique <3